jeudi 10 novembre 2011

Nouvelles en vrac...

(Dans les dépêches)
Des armes nucléaires pakistanaises dans des camionnettes de livraison ?
Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a rejeté dimanche dernier les affirmations de magazines américains selon lesquelles le Pakistan avait déplacé ses armes nucléaires à bord de camionnettes dans des conditions dangereuses, les qualifiant de «pure fiction».
Deux magazines américains, l'Atlantic et le National Journal, ont affirmé vendredi que le Pakistan avait déplacé ses armes nucléaires à bord de camionnettes afin de les dissimuler aux agences de renseignement américaines, accroissant le risque qu'elles soient subtilisées par des militants islamistes.
Mais au lieu de les transporter dans des véhicules blindés au sein de convois protégés, les armes nucléaires «capables de détruire des villes entières sont transportées dans des camionnettes de livraison sur les routes embouteillées et dangereuses du pays», ont affirmé les deux magazines.
Des stocks d'armes chimiques en Libye ?
Les autorités libyennes ont découvert sur deux sites militaires des armes chimiques qui, selon un expert, étaient prêtes à être assemblées et utilisées, ainsi qu'un autre site abritant 7.000 barils d'uranium brut. Des spécialistes en armes chimiques sont arrivés en Libye cette semaine pour commencer à protéger ces sites, selon un responsable de l'ONU.
D'autre part, au mois d'octobre, une équipe de Human Rights Watch a découvert sur un site, dans le désert libyen, des armes qui n'étaient pas gardées, avec des milliers de caisses de munitions.
Les autorités craignent que ces matériaux tombent entre de mauvaises mains, notamment des missiles sol-air qui pourraient constituer une menace pour l'aviation civile. Le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté les autorités libyennes à agir rapidement, disant craindre que les armes tombent entre les mains de terroristes. Les États-Unis ont déjà envoyé des experts en armement en Libye, débloquant environ 40 millions de dollars (29 millions d'euros) pour détruire les missiles sol-air, qui peuvent être utilisés pour tirer sur des avions.
Un budget se porte toujours bien en Grèce : celui des dépenses militaires !Le budget de 6 milliards d’euros de Défense de la Grèce n’a pas été touché par les mesures d'austérité imposées par l'U.E et le FMI. La république hellénique a un budget Défense qui représente 2,8% du PIB. Pour info, les Etats-Unis, en 2010 enregistraient un budget défense de 4,8% sur leur PIB total, ce qui place la Grèce en deuxième position derrière les Américains parmi les membres de l'OTAN, en pourcentage du PIB ! le budget Défense par habitant en Grèce est de 1000 dollars par habitant...
Course aux armements ou "modernisations" ?
Le groupe de recherche britannique Trident Commission, fondé par l’organisation américano-britannique BASIC (British American Security Information Council) publient des prévisions d'évolution des dépenses liées aux armes nucléaires dans les décennies à venir.
Au cours des dix prochaines années,les États-Unis et la Russie, pourraient dépenser au total pour les armes nucléaires et les secteurs qui en dépendent, 770 milliards de dollars d'après les experts.
Les Etats-Unis ont l’intention de prolonger la durée de service des missiles intercontinentaux Minuteman III et de développer un nouveau missile balistique, de construire 12 nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) SSBN(X), de prolonger la durée de service des bombardiers B-52H Stratofortress jusqu’en 2035, de concevoir un nouveau bombardier à longue portée et de commencer le remplacement des missiles de croisière à tête nucléaire existants par de nouveaux engins en 2025.
A son tour, jusqu’en 2020 la Russie dépensera au moins 70 milliards de dollars pour le développement de sa propre triade nucléaire. Ces moyens seront destinés à déployer de nouveaux systèmes mobiles RS-24 Iars (code OTAN SS-X-29), la conception pour 2018 d’un nouveau missile intercontinental avec 10 têtes nucléaires, le rééquipement des sous-marins stratégique du projet 667BDRM (code Otan Delta IV) avec des missiles modernisés Sineva et la construction de 8 SNLE du projet 955 Boreï. De plus, comme le fait remarqur BASIC, la Russie développe actuellement un SNLE de 5e génération.
Pour 2025, un nouveau bombardier stratégique à longue portée entrera en service en Russie (le PAK DA, bombardier stratégique de nouvelle génération).
Alexeï Arbatov, membre correspondant de l’Académie des sciences de Russie estime qu’en termes de nombre des ogives nucléaires la Russie et les Etats-Unis resteront en tête dans les années à venir en devançant largement tous les pays nucléaires réunis.
Selon Alexeï Arbatov, la seule réserve à cette affirmation pourrait être la possibilité théorique d’un changement de politique de la Chine et d'une accélération de la fabrication des armes nucléaires. Selon lui, la Chine est la seule puissance au monde économiquement et techniquement capable de s’approcher en 10-15 ans du niveau de la Russie et des Etats-Unis.

Armes nucléaires : garder la tête froide.

Le dernier rapport de l'A.I.E.A sur les activité nucléaires de l'Iran donne lieu à des lectures et des déclarations toutes plus alarmistes les unes que les autres : Alain Juppé fait le matamore : «la France est prête avec ceux qui le voudront à aller beaucoup plus loin dans des sanctions qui doivent être renforcées pour faire plier l'Iran». Les États-Unis, plus prudents, envisagent d' «examiner les moyens d'imposer une pression supplémentaire à l'Iran» en promettant «toute une gamme de possibilités». Israël fait monter la pression en évoquant, notamment par la voix de Shimon Peres, une possible frappe préventive des installations nucléaires d'Iran. Russie et Chine sont, elles, très réticences, voire opposées, à une aggravation des sanctions contre l'Iran.
Que dit exactement ce rapport ? Celui-ci déclare que l'Iran a mené jusqu'en 2003 des travaux orientés sur la mise au point d'une arme nucléaire, et l'AIEA, sur la base de documents fournis par les services de renseignements occidentaux,  redoute que l'activité liée au développement d'une arme nucléaire ne se poursuive actuellement. Il y a donc deux questions : la reconnaissance d'activités illégales de l'Iran jusqu'en 2003 qui semble assez sûre et la poursuite ou non d'activités similaires ensuite, sur laquelle les preuves semblent manquer (voir les informations supplémentaires et l'excellente analyse faite par J-Marie Collin sur son blog http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/).
La situation iranienne inspire deux réflexions : venant après le battage médiatique sur la crise financière mondiale, les menaces sur l'éclatement de l'Europe, on assiste à une nouvelle présentation par les "leaders du monde", reprise par les grands médias, très noire et "catastrophiste" de la situation du monde. Elle aboutit à justifier les mesures de rigueur sociale extrêmes dans le premier cas, une intervention militaire aventuriste contre l'Iran dans le deuxième cas. Or, dans les deux cas, des alternatives politiques crédibles existent : aux militants d'un "autre monde" de ne pas tomber dans le piège de cette vision alarmiste de l'évolution du monde, s'ils veulent pouvoir faire progresser des idées transformatrices nouvelles !
La deuxième réflexion concernant l'Iran est qu'une solution politique est la seule possible : elle passe par deux éléments. Il faut renforcer la crédibilité des Traités existants pour exiger qu'ils soient respectés par tous : c'est le cas du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire) et donc, les puissances nucléaires "dotées" doivent donner des preuves elles-aussi de leur respect de leurs obligations vis a vis de l'article VI, concernant le désarmement nucléaire. Elles ne le font pas suffisamment : cela conforte les pays "tricheurs" ou tout simplement, inquiets pour leur puissance régionale comme l'Iran, et qui sont tentés par le fameux "pouvoir égalisateur de l'atome".
C'est cet enjeu qu'a souligné le général Norlain, dans une tribune libre dans le journal Le Monde du 29 octobre : " dans un monde ouvert où l'apparition de nouveaux acteurs stratégiques rend les règles du jeu plus complexes et fugaces, l'arme nucléaire, après avoir joué un rôle de stabilité, devient une source d'instabilité destructrice pour la planète". C'est ce constat qui l'amène à dire "qu'il n'y a pas d'autre solution que d'éliminer ces armes. Toutes les négociations sur la diminution, sur le déploiement et la mise en alerte de ces armes sont nécessaires, mais elles ne seront effectives que dans la perspective d'un objectif d'élimination complète".
Faire respecter un traité existant comme le TNP (et discuter sérieusement avec l'Iran) sur ce sujet doit donc s'accompagner d'initiatives politiques fortes pour faire démarrer et aboutir des négociations sur un nouveau traité : une Convention d'abolition des armes nucléaires, dont un projet existe déjà et est soutenu par plus de 110 pays à l'Assemblée générale de l'ONU.
Il faut opérer une véritable révolution copernicienne, montrer que "Aujourd’hui, l’existence même des armes nucléaires, couplée au risque de prolifération et de terrorisme nucléaire, constitue paradoxalement la plus grande menace à notre sécurité". Ce constat n'est pas fait par des pacifistes invétérés mais par des personnalités franco-britanniques (Hugh Beach,   général , ancien commandant en chef des forces terrestres, Royaume-Uni ; Margaret Beckett, ancienne secrétaire aux Affaires étrangères,  Royaume-Uni ; Bernard Norlain, général,  ancien commandant de la force aérienne de combat,  France ; Paul Quilès, ancien ministre de la Défense, France ; Michel Rocard,  ancien Premier Ministre, France ; David Ramsbotham,   général , Royaume-Uni) dans le journal La Croix de ce 9 novembre en s'adressant aux jeunes anti-nucléaires du forum Global Zero.
Ils pointent deux grands défis : "Faire évoluer les mentalités est un devoir stratégique et moral commun(...)" et construire "un monde dans lequel la promotion du désarmement nucléaire confère plus de pouvoir politique et de prestige que la possession d’arsenaux surdimensionnés, dangereux et coûteux".
Ces informations dans leur diversité et leurs contradictions ne montrent-elles pas que, si nous vivons dans un monde dangereux, nous vivons aussi dans un monde de possibles enthousiasmants ?