mercredi 28 septembre 2011

Dépenses militaires et débats électoraux.

La crise financière mondiale met à nu, parmi d'autres contradictions, le rôle négatif joué par le fardeau des dépenses militaires dans l'économie de nombreureux pays. L'économie grecque est plombée par celles-ci. Aux États-Unis, l'économiste Josef Stiglitz a écrit que  « La croissance des dépenses de défense, avec les exemptions d'impôt de George Bush, sont des raisons clefs pour expliquer comment les Etats-Unis sont passés d'un excédent budgétaire de 2 % du PIB, au moment de l'élection de George Bush, à un déficit et à la position de la dette aujourd'hui ». Le budget militaire étatsunien dépasse les 750 milliards de dollars, mais si on y réintègre d'autres dépenses liées (retraites, sécurité intérieure, soins de longue durée aux anciens combattants, intérêts de la dette liée aux dépenses militaires), l'économiste Chalmers Johnson estime alors que le chiffre le plus réaliste est supérieur à 11OO Mds de $ pour 2008 ! Rien de surprenant dans ce contexte de voir des puissances dites émergentes comme le Brésil, l'Inde, augmenter elles aussi leurs dépenses militaires (+30 % entre 2007 et 2011). La Chine les a portées à 91 Mds de $ en 2011, soit environ 13,5 % de celles des USA. Ce rapport reste sensiblement le même si on intégre dans le budget chinois les dépenses non prises en compte (maintien de l'ordre, par ex) et si on les compare ce nouveau total (près de 200 Mds de $) au budget officiel étatsunien augmenté des mêmes dépenses non prises en compte (plus de 1100 Mds de $).
En France, à un budget de la défense important (38 Mds d'euros avec les pensions) s'ajoute maintenant un coût des interventions militaires extérieures (OPEX) en augmentation constante : plus d'un milliard d'euros en 2011 ! Certaines sont d'une légitimité internationale douteuse car le mandat initial du Conseil de sécurité des Nations unies a été perverti comme en Afghanistan (la pression US a fait passer l'option militaire avant les volets civils de l'opération) ou en Libye (la protection des civils contre Khadafi a été instrumentalisée au profit d'une opération de renversement du régime). Le coût des opérations françaises en Afghanistan s'établirait officiellement à plus de 600 millions d'euros et celui des opérations en Libye entre 300 et 350 millions d'euros selon le ministre Longuet (environ 60 % pour les munitions tirées et environ 70 millions d'euros de primes pour les 4300 militaires concernés par ces six mois d'opération). Ces chiffres sont-ils complètement transparents ? L'exemple du Royaume-Uni permet d'en douter : en juillet dernier, le gouvernement britannique avait indiqué que le coût global de la campagne de Libye tournerait autour de 300 millions d'euros, en septembre, une étude du Département de la Défense chiffre à 2 Mds d'euros les dépenses engagées par les Britanniques, soit sept fois plus ! L'opposition travailliste réclame la transparence, la question est posée aussi en France !
L'augmentation ou le maintien à un haut niveau des dépenses militaires perd sa légitimité dans le cadre de la crise financière et de l'austérité imposée aux populations. Il n'est pas étonnant dans ce contexte de voir se développer depuis le début du mois de septembre une campagne de presse pour maintenir au plus haut les dépenses militaires en France, et soutenir les politiques de militarisations défendues par l'actuel Président de la République.
Le général de l'armée de l'air, Stéphane Abrial, délégué à l'OTAN, déclare dans La Tribune que "Notre effort de défense doit être soutenu" ; le député UMP Guy Tessier, président de la commission de la Défense, refuse toute réduction "parce que là on est vraiment arrivé à l’épure...". Les arguments pour justifier ces choix sont sur le thème : le monde ne devient pas moins dangereux au contraire...
Cette pseudo-démonstration se base justement sur l'augmentation des dépenses militaires mondiales sans dire qu'elles proviennent d'abord du non-règlement de conflits (Irak, Afghanistan, Libye) qui auraient pû être résolus politiquement différemment et aussi, d'un climat de méfiance persistant du fait du ralentissement, voire du blocage, depuis l'ère Bush des processus de désarmement, notamment sur l'arme nucléaire. On peut d'ailleurs s'étonner de lire dans la presse de ces derniers jours des leaders socialistes comme Arnaud Montebourg (dans La Tribune) ou le conseiller militaire de Lionel Jospin, Louis Gautier (dans Le Monde), exprimant un soutien sans condition à l'arme nucléaire française, sans prendre en compte, les débats internationaux qui se sont ouverts sur sa possible abolition.
Les orientations françaises de défense sont définies par le Livre blanc de la Défense qui couvre la période 2009-2014. Le ministère commence à travailler pour sa réactualisation pour prendre en compte les orientations pro-otaniennes et interventionnistes de Nicolas Sarkozy à partir de 2012. Quatre groupes de travail ont été créés afin de réintégrer les problématiques non traitées, ou pas assez traitées dans l’édition de 2008, selon les responsables du ministère. Mais voilà, les élections présidentielles et législatives de 2012 dont le résultat est devenu incertain bouleversent la donne. Du coup, selon Francis DELON, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, la rédaction finale du Livre blanc actualisé ne pourra intervenir qu’après ces élections afin que la nouvelle Assemblée Nationale puisse voter éventuellement une nouvelle Loi de programmation militaire. Cela signifie que le débat sur la politique de défense de la France, son budget militaire, ses armements, sa politique de sécurité, ses relations avec la société internationale doivent être au coeur des débats des futures élections et que les candidats doivent fournir aux citoyens des engagements clairs. Il n'est pas trop tôt pour y réfléchir.
28 septembre 2011

vendredi 16 septembre 2011

Nouvelle session de l'AG de l'ONU : Palestine indépendante et prévention des conflits au programme..

Cette semaine est marquée par l'ouverture d'une nouvelle session annuelle de l'Assemblée Générale des Nations unies, la 66e. Celle qui vient de s'achever (septembre 2010 à août 2011) a été marquée par des débats thématiques importants : comment atteindre les Objectifs du Millénaire notamment celui de réduction de la pauvreté d'ici 2015, comment améliorer la lutte contre la prolifération nucléaire et relancer les travaux de la Conférence du désarmement (sans compter des sujets non-traités ici comme le développement durable) ? Mais cette session a également été traversée par les débats qui se sont déroulés au Conseil de sécurité, notamment sur la "responsabilité de protéger" (l'intervention en Libye et la crise électorale en Côte d'Ivoire). Le président de cette session était le suisse Joseph Deiss qu'on a vu très actif pour ne pas laisser l'Organisation des Nations unies écartée des grandes décisions et s'efforcer de la maintenir au coeur de la gouvernance mondiale en construction, y compris en dialoguant avec la présidence du G20 : « A l'heure où de plus en plus de défis sont globaux et nécessitent des réponses coordonnées et collectives, nous, les États membres, ne devons pas laisser les Nations Unies être marginalisées par de nouveaux acteurs de la gouvernance globale, parfois plus efficaces que l'ONU et son Assemblée générale certes, mais souffrant d'une carence de légitimité, » a-t-il souligné.
Dix ans après les événements du 11 septembre 2001 à New-York, cette année a montré combien les rapports de force mondiaux étaient fluctuants et complexes : toujours une forte prééminence des États et des politiques de force, une place de plus en plus grande des acteurs non-étatiques. Parmi ceux-ci,  les puissances économiques et financières jouent un rôle croissant et contribuent à la déstabilisation de certains pays, les sociétés civiles tiennent une place inégale selon les secteurs (plus fort sur l'écologie, plus ralenti sur droits humains et démilitarisations), enfin, dans ces acteurs non-étatiques, les réseaux terroristes semblent en voie d'essoufflement,). Ce sont des tendances lourdes depuis la fin de la Guerre froide et nombreux ont été les observateurs à souligner que le 11 septembre n'avait pas créé un bouleversement mondial mais simplement révélé des évolutions et, surtout, fourni des justifications à certaines politiques de force, notamment des États-Unis.
La situation en Palestine est révélatrice de ces contradictions : une commission d'enquête onusienne a relevé que, lors de l'attaque des militaires israéliens l'année dernière sur un bateau turc de la flottille pour Gaza,  « les pertes en vies humaines et les blessés dus à l'usage de la force par les forces israéliennes lors de la prise du Mavi Marmara étaient inacceptables » et que « Aucune explication satisfaisante n'a été fournie au comité par Israël au sujet de ces neuf décès." En même temps, cette commission a légitimé le blocus maritime de Gaza par Israël en estimant que « Le blocus maritime a été imposé comme une mesure de sécurité légitime afin d'empêcher l'entrée d'armes à Gaza par la mer et sa mise en œuvre respecte les obligations en matière de droit international ». Or, cette semaine, d'autres experts onusiens travaillant dans des institutions de droit humain et de santé, ont critiqué cette position en déclarant que « En se prononçant sur la légalité du blocus, le rapport Palmer ne reconnaît pas le blocus maritime comme une partie intégrale de la politique de fermeture d'Israël envers Gaza qui a un impact disproportionné sur les droits humains des civils ». Ils notent que « Après quatre années de blocus israélien, 1,6 million de femmes, d'hommes et d'enfants palestiniens sont privés de leurs droits fondamentaux et sont sujets à des sanctions collectives, constituant une violation flagrante du droit international et du droit humanitaire international. »
Cela montre bien qu'il n'est pas simple pour les dirigeants israéliens actuels de justifier leur politique ! Le terrain du nucléaire militaire illustre ces contradictions : une initiative arabe visant à faire placer le nucléaire israélien sous contrôle international sera débattue lors de la réunion annuelle de l’AIEA qui s’ouvrira le 19 septembre à Vienne. Cette initiative comprend deux mesures : permettre aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique d’accéder à la centrale de Dimona et obliger Israël à signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. De plus, l'AIEA envisage également de tenir en novembre prochain une réunion pour discuter du processus conduisant à la création d'une zone dénucléarisée au Moyen-Orient, avec le soutien notamment de la Russie et peut-être de la France. En se cramponnant sur des positions rigides, le gouvernement Netayahu risque de s'isoler encore plus alors que la nouvelle session de l'Assemblée générale des Nations unies devrait aborder la semaine prochaine la question de la reconnaissance de l'État indépendant de Palestine.
Si cette reconnaissance aboutissait, ce ne serait que justice et la reconnaissance du droit inaliénable des peuples à disposer d'eux-mêmes, la même exigence que le peuple israélien a obtenue, il y a 65 ans...
Cette reconnaissance de l'État de Palestine constitue un élément indispensable d'une processus de paix, mais elle n'est pas à lui tout seul la seule condition de la paix. Pour qu'elle s'accompagne d'un véritable accord de paix politique, négocié et durable, il faudra des négociations, des luttes, une acceptation plus ou moins majoritaire dans les opinions publiques israélienne et arabe. Il y a une vraie responsabilité pour les forces de paix dans ces deux pays et dans le monde pour redoubler d'efforts pour faire accepter la solution de deux États dans les frontières de 1967, avec Jérusalem  comme double capitale, et une solution négociée au retour des réfugiés.
On ferait une erreur politique majeure en pensant en France que la paix au Moyen-Orient passera par une solution imposée de l'extérieur par la contrainte aux deux peuples et notamment à Israël. Cette opinion qui a cours dans une partie de la gauche française et dans certains groupes de paix israéliens minoritaires et radicaux (voir les textes de Gush Shalom ou de M. Warcheski) amènent à sous-estimer les possibilités d'évolution de la société israélienne, à mépriser les courants sociaux-démocrates (Meretz ou parti travailliste). Les derniers événements sur le plan social et syndical avec le "mouvement des tentes" montrent bien pourtant, là-aussi, que des rapports de force nouveaux peuvent se construire, se modifier. Quittons les positions de donneurs de leçons et nouons des coopérations beaucoup plus larges avec toutes les couches de la société israélienne et aussi de la société palestinienne !
La nouvelle session de l'Assemblée générale des Nations unies sera confrontée à d'autres défis que l'indépendance de la Palestine : son président qui sera le qatari Nassir Abdulaziz Al Nasser a défini comme ses deux premières priorité, "la résolution pacifique des conflits" et "la réforme et la revitalisation des Nations Unies".
Sur le premier plan, le secrétaire général Ban ki-moon, vient de publier un rapport, la semaine dernière, le premier du genre, qui fait l'état de la diplomatie préventive aujourd'hui et propose de renforcer ses moyens financiers et politiques. Certes, des outils existent pour développer la prévention comme les partenariats entre l'ONU et les organisations régionales, l'ouverture de nouveaux bureaux régionaux de l'ONU et la création de nouveaux systèmes d'alertes précoces dont celui de l'Union européenne (UE), l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l'Union africaine (UA). Mais il faut faire plus : on peut estimer que la création d'un Comité permanent de prévention des conflits auprès du Conseil de sécurité et du Secrétaire général serait d'une aide précieuse. Espérons que ce sujet fera l'objet de débats de fond au cours de cette session. La deuxième priorité du Président de l'Assemblée sur la réforme des Nations unies devient de plus en plus une urgence. La crise financière mondiale démontre que les outils actuels (FMI, Banque mondiale) ne fonctionnent pas correctement. Il est nécessaire de les réintégrer dans le système des Nations unies pour améliorer leur contrôle démocratique et pour qu'ils aident à la création de nouveaux outils au service des peuples et des gouvernements (véritable taxe sur les spéculations financières, contrôle des agences de notation, négociations avec le secteur bancaire pour le financement des États, etc)..
Dans ce monde contradictoire, les Nations unies sont à la fois sollicitées de toute part pour faire "tourner" la planète et, en même temps, perpétuellement face à des tentatives de marginalisation ou de manipulation des tenants de l'ordre inter-étatique ancien. Maintenir l'ONU au coeur de la "gouvernance mondiale" est un enjeu : ainsi, le Conseil de sécurité fait traîner cette semaine le débat autour de la proposition du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, d'établir une mission de l'ONU pour soutenir les nouvelles autorités libyennes. « Le déploiement initial de trois mois est supposé permettre un engagement à l'intérieur du pays pour définir les besoins et les souhaits de la Libye en terme de soutien de l'ONU », a écrit le Secrétaire général à l'intention du Conseil de sécurité.
Le mandat de la mission permettrait d'apporter un soutien pour rétablir la sécurité publique, faire respecter les lois, lancer un large dialogue politique, promouvoir une réconciliation nationale et lancer un processus constitutionnel et électoral. Seul le choix de l'ONU peut freiner les appétits des rapaces qui voudraient se partager l'économie libyenne, comme viennent de le montrer avec impudeur (mais aussi illusions) MM Sarkozy et Cameron lors de leur visite à Tripoli.
16 septembre 2011

lundi 5 septembre 2011

ACTUALITÉ DE L'ÉTÉ (2) : une aube nouvelle à Tripoli...

Août 2011 restera dans l'histoire comme le mois de la chute du colonel Khadafi, après 42 années de pouvoir et de liaisons dangereuses, d'abord avec les Soviétiques, puis les Occidentaux, en passant par de multiples et obscurs réseaux terroristes. La chute de Khadafi s'inscrit dans le "printemps arabe", la protestation populaire a été réelle dans les premières semaines, y compris à Tripoli avant que la répression ne transforme la crise en guerre civile complexe avec des enjeux tribaux, régionaux à l'intérieur du pays.
Quelles leçons tirer et surtout quelles perspectives pour ce pays demain ?
La crise libyenne illustre à la fois les évolutions prometteuses du monde et du droit international et les forces qui s'y opposent.
Depuis le génocide du Rwanda, les grandes puissances ont du inclure en 2005 le principe de "la responsabilité de protéger" les populations civiles dans les buts du Conseil de sécurité. On a vu comment la France, le Royaume-Uni et les USA se sont efforcés et ont réussi à détourner la résolution de l'ONU au bénéfice d'une opération militaire de l'OTAN, visant prioritairement le renversement du régime de Khadafi et une redistribution des cartes politiques, au lieu de l'imposition d'un simple cessez-le-feu pour empêcher le massacre de la population.
Les critiques sur l'ONU "discréditée parce que manipulée" cachent en fait largement l'impuissance du mouvement démocratique à empêcher les manoeuvres des Sarkozy, Cameron et cie, tout en promouvant une vision dynamique des Nations unies et du droit international.
En juillet dernier, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a répondu aux pays qui exprimaient leur crainte d'un risque de manipulation du principe de "responsabilité de protéger", et notamment la question de savoir qui décide qui doit être protégé et comment. « Personne n'a le monopole de la vertu, du recul ou du jugement », a reconnu le Secrétaire général Ban Ki-moon, appelant à continuer de répondre aux préoccupations légitimes de nombreux pays face aux risques de mauvaise interprétation du concept qui irait au-delà de ce qui a été convenu en 2005. Mais « on ne peut attendre que la théorie soit perfectionnée pour commencer à répondre aux situations urgentes dans le monde », a fait valoir son Conseiller spécial, Edward Luck.
L'attitude des dirigeants de l'OTAN, leur refus de prendre en compte correctement les initiatives régionales de la Ligue arabe et de l'Union africaine ont ébranlé la future mise en oeuvre de ce nouveau concept. Cela a pesé pour que des sanctions politiques ou économiques soit adoptés à l'ONU face à la répression bestiale du régime syrien.
Aujourd'hui, la situation en Libye reste fragile : le Comité national de Transition a demandé le soutien de la communauté internationale pour la promotion d`un dialogue national, la rédaction d`une constitution, la restauration des services publics ainsi que la consolidation de l'État, le lancement d`un processus électoral, la protection des droits de l`homme, le soutien à la justice transitionnelle et le développement économique.
Qui va être au centre de ce soutien international, avec quels objectifs ? Va-t-on laisser les animateurs de la coalition de l'OTAN essayer de récupérer le "gâteau" des richesses libyennes et mettre sous protectorat le nouveau régime avec les troupes de l'OTAN ? Les déclarations arrogantes de M. Juppé, jugeant "logique" la semaine dernière que les pays ayant soutenu les rebelles soient privilégiés dans l'attribution des contrats pétroliers ne sont que des rodomontades : le patron du groupe allemand Wintershall, l'un des principaux producteurs de pétrole en Libye, M. Seele, dans un entretien publié par le journal Handelsblatt, met en garde contre une mainmise des groupes pétroliers des pays ayant participé à l'opération militaire sur les ressources libyennes. "La dernière chose dont les gens en Libye ont besoin, ce sont des entreprises qui n'ont qu'un intérêt : épuiser les ressources du pays", a-t-il dit.
Il est clair que la seule manière d'aider le peuple libyen à devenir maître de son destin est d'agir pour que les Nations unies reprennent une place centrale dans la gestion post-crise en Libye.
Le dirigeant du CNT, M. Abdel-Jalil-ci a fait part, il y a quinze jours, de sa gratitude envers les Nations Unies pour le travail effectué en Libye, et en particulier, le rôle de l'Envoyé spécial du Secrétaire général, Abdel-Elah al Khatib.
Les Nations Unies comptent jouer un rôle essentiel de coordination dans l'avenir du pays, a déclaré le 26 août, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui souhaite déployer rapidement une mission de l'ONU sur le terrain. Pour celui-ci, « Trois principes vont gouverner notre travail. Premièrement, l`appropriation nationale. Le futur de la Libye doit résolument rester entre les mains du peuple libyen », « Deuxièmement, la rapidité de la réponse. Il est essentiel que la communauté réponde quand cela est nécessaire et non pas des semaines ou des mois après », a-t-il ajouté, « Le troisième principe est une coordination efficace.», a dit Ban Ki-moon.
Jusqu'où peut aller ce rôle de l'ONU ? Ne faut-il pas exiger l'arrêt immédiat des opérations de l'OTAN, le retrait des "forces spéciales" et autres barbouzes du terrain, et, si les libyens le souhaitent et l'estiment nécessaire, une aide pour garantir la sécurité intérieure dans le droit, avec une force multinationale de Casques bleus, établie en coordination avec les organisations régionales (Ligue arabe et U.A) ?
On ne peut en rester à une simple critique
(oh combien justifiée) de la diplomatie française et à une position d'attente critique envers les nouvelles structures politiques qui auront beaucoup de mal à se mettre en place dans ce pays, à la société destructurée par la politique autoritaire de Khadafi et la période de guerre en train de s'achever.
Ne pas travailler concrètement à la valorisation du rôle à jouer par les Nations unies dans cette situation post-conflit est se condamner à l'impuissance politique et aux simples déclamations idéologiques, pire, c'est laisser le terrain libre aux grandes puissances pour freiner l'évolution du droit international et continuer d'essayer de le détourner à leur profit.
5 septembre 2011