mercredi 4 août 2010

Hiroshima : la tragédie enfin reconnue ?

Cette fin de semaine auront lieu les cérémonies commémoratives des bombardements atomiques d’Hirsohima et Nagasaki.  Les Etats-Unis ont lâché la première bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945 et une seconde sur Nagasaki le 9 août. La première bombe a fait 140.000 morts et la seconde 80.000, directement et des suites des radiations. Le Japon a capitulé le 15 août 1945, alors que l'Allemagne avait déjà capitulé le 8 mai. Depuis les années 60, à l’occasion de ces cérémonies, des milliers de Japonais se rassemblent autour des survivants, les Hibakushas. Des militants pour l’élimination des armes nucléaires se joignent à eux, pour réclamer l’abolition de ces armes de mort.
Pour la première fois depuis soixante-cinq ans, les États-Unis seront représentés le 6 août aux commémorations. La France et la Grande-Bretagne, alliés des Américains pendant le deuxième conflit mondial, et détenteurs également d'engins atomiques, s'associeront à cette démarche.
Ban Ki-moon, secrétaire-général de l'ONU sera aussi présent pour la première fois à Hiroshima pour souligner "la nécessité urgente d'accomplir un désarmement nucléaire mondial".
Comme il l’avait fait avant la Conférence d’examen du TNP (Traité de non-prolifération) en mai 2010 à New-York, Ban Ki-moon a eu une attitude très volontariste.  Le 27 juillet dernier,  à l'occasion de la Conférence sur l'abolition totale des armes nucléaires qui s'est déroulé à l’initiative des “Maires pour la paix” (Mayors for Peace), au Japon, il a exhorté, dans un message, les États à réaliser l'objectif d'un monde exempt d'armes nucléaires d'ici à 2020.
« J'appelle tous les dirigeants, spécialement ceux des États disposant de l'arme nucléaire, à visiter Hiroshima et Nagasaki, pour constater la dure réalité de la guerre nucléaire. Je vais moi-même m'y rendre dans 10 jours cette année pour assister à la cérémonie commémorative pour la paix au cours de laquelle je lancerai un appel pour progresser d'urgence vers le désarmement », a-t-il souligné. « Le désarmement nucléaire est souvent considéré comme un rêve », a ajouté Ban Ki-moon dans un message adressé aux participants à la Conférence. «Soyons clair : la seule garantie pour la sécurité, et la seule protection contre l'utilisation de telles armes, est leur élimination ».
Il a salué, à cette occasion, l'engagement des “Maires pour la paix” qui réunit aujourd'hui près de 4.000 villes de 143 pays différents.
La décision du président Obama d’envoyer un représentant officiel aux cérémonies s’inscrit dans le prolongement des déclarations de celui-ci  en 2009 en faveur du désarmement nucléaire. L’attitude des États-Unis a joué aussi un rôle sur l’adoption d’un texte final, jugé plutôt positif par de nombreux observateurs, à l’issue de la Conférence du TNP de mai dernier. La France et la Grande-Bretagne n’ont pu qu’emboîter le pas pour décider elles-aussi d’être présentes le 6 août à Hiroshima. La France, contrairement aux États-Unis, ne sera pas représentée aux cérémonies par son ambassadeur mais par son Chargé d'affaires.
Les diplomates français sont très réticents envers un processus de désarmement nucléaire et ont “ferraillé” dur pendant cette Conférence du TNP pour limiter la portée de tous les engagements portant sur le désarmement nucléaire,en le liant en permanence, au préalable d’une amélioration générale de la sécurité mondiale, notion imprécise, pouvant justifier toutes les dérobades.
Même s’il s’agit avant tout de la part de ces trois puissances nucléaires d’un geste de communication, leur présence à ces cérémonies commémoratives est une reconnaissance tardive mais réelle de la tragédie que fut la première utilisation de la bombe atomique. La Conférence du TNP, en mai dernier, s’est déclarée, "vivement préoccupée par les conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire qu'aurait l'emploi d'armes nucléaires". Cela renforce, s’il en était besoin, la dimension éthique et humanitaire, de l’exigence d’élimination des armes nucléaires et de l’urgence de la négociation et de la signature d’une Convention ou Traité d’abolition.
Daniel Durand - 4 août 2010






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