samedi 22 mai 2010

Les enjeux de la Conférence du T.N.P (II)

Comment se présente la Conférence d’examen de 2010 du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire) ?
Sera-t-elle comme en 2005 instrumentalisée d'un côté par les puissances nucléaires pour redire que seule la lutte contre la prolifération est essentielle ce qui permettrait en face à l'Iran de jouer les "vertus outragées" et de bloquer les débats ?
Verra-t-elle un tournant et permettra-t-elle aux États participants de prendre un engagement "sans équivoque" en faveur de nouveaux pas pour le renforcement du TNP dans toutes ses dimensions, y compris celle de l'élimination des armes nucléaires ?
Ce 28 avril, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a de nouveau appelé les pays à saisir la fenêtre d'opportunité actuelle pour instaurer un monde exempts d'armes nucléaires. « (...) nous ne pouvons pas non plus nous permettre de ne pas saisir cette occasion pour faire des progrès : sur le désarmement, sur le respect des engagements en matière de non-prolifération, y compris en ce qui concerne la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, et sur l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire », ajoute-t-il. M. Ban a conclus en estimant qu'« Il est plus que jamais urgent que les populations du monde entier exigent le changement, exigent que des mesures soient prises qui aillent au-delà des demi-mesures prudentes du passé ».
Si l'élan est clair du côté des Nations unies, qu'en est-il du côté des États nucléaires ?
La France a pour le moment déposé un seul document de travail et il est relatif uniquement à la lutte contre la prolifération (NPT/CONF.2010/WP.32). Il est centré autour de l'idée que "Une réponse prompte, déterminée et crédible de la communauté internationale à ces crises de prolifération est indispensable pour préserver le TNP, fondement essentiel du système de sécurité collective, pour maintenir la confiance de ses membres dans la capacité du Traité à assurer leur sécurité, et pour éviter le développement par d’autres pays d’activités nucléaires à des fins non pacifiques."
Pour comprendre les fondements de la politique de la France concernant le désarmement nucléaire, il est intéressant de consulter la FAQ (foire aux Questions) figurant sur le site ouvert par le Ministère des Affaires étrangères à l'occasion du TNP (FranceTNP2010).
On y lit :
"Certains estiment que des efforts renouvelés de désarmement seraient nécessaires pour permettre des progrès en matière de non-prolifération.
Cette approche est contestable. On peut se demander si c’est vraiment en éliminant davantage d’armes nucléaires que nous réussirons à convaincre des pays en violation de leurs obligations internationales de les respecter. Regardons les faits. C’est au milieu des années 1990 que certains pays ont développé ou accéléré un programme nucléaire clandestin. Pourtant, au même moment, les Etats dotés étaient fortement engagés dans un processus de désarmement nucléaire et de maîtrise des armements, que ce soit unilatéralement (comme la France et le Royaume-Uni), bilatéralement (les Etats-Unis et la Russie) ou multilatéralement (avec l’extension indéfinie du TNP en 1995 et la signature du TICE en 1996).
Au contraire, l’aggravation des crises de prolifération constitue une désincitation à la poursuite des réductions nucléaires. C’est seulement lorsqu’existe un sentiment de sécurité et de conf iance que le désarmement est possible.
"
Si cette argumentation a une valeur, elle gomme toute approche dynamique de la diplomatie et de la négociation puisqu'elle aboutit à geler toute nouvelle avancée sur le désarmement dans l'attente d'un hypothétique alignement des "mauvais élèves proliférateurs" sur la norme décidée par les puissances nucléaires, alors même que l'immobilisme des puissances nucléaires pour respecter leurs obligations de désarmement est une des causes du blocages.
Plus important, cette argumentation sert de prétexte n'ont seulement à ne rien faire mais à essayer de miner les efforts de relance du désarmement, contenus par exemple dans les discours du Président Obama.
Les diplomates français, y compris le président Sarkozy, consacrent leur énergie à "torpiller" B. Obama sur le thème : "L’an dernier, à Prague, le Président Obama a affirmé fortement son ambition d’un monde sans armes nucléaires (...) Voilà pour la vision. Mais, pour ce qui est de l’action, la situation s’av ère moins brillante." (extraits de l'allocution prononcée à la conférence « Global Zero » par Pierre Sellal, Secrétaire général du ministère français des Affaires étrangères et européennes à Paris, 2 février 2010).
Alors, la France peut bien afficher sur son site en page d'accueil "La France est pleinement mobilisée pour contribuer au succès de cet événement. Nous devons saisir cette occasion pour progresser vers un monde plus sûr (...)", le fait d'avoir quelques jours avant la Conférence fait un nouveau tir d'essai de son nouveau missile stratégique M51 (dont la seule justification est de pouvoir atteindre plus facilement la Chine) n'envoie pas forcément un signal très crédible à la Conférence d'examen du TNP...
29/04/2010

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